Invitation ?

*Ne souhaitant nullement s'opposer à son chef l'elfe s'incline devant lui. En s'éloignant elle regarde Eldaria et lui sourit. Elle passe une main sur sa joue et dépose un baiser sur son front. L'elfe murmure d'une voix cristalline *

- Tu es ici chez toi ! et tu sais où me trouver si tu as besoin de quoi que ce soit...

*Voyant l'aura du vampire se troubler, la prêtresse ne le retardera pas plus longtemps et se dirige vers la chapelle de la Griffe funeste. Sur le chemin, Nano regarde la lune trôner fièrement dans le ciel étoilé, son aura commence à s'intensifier.

Hâte toi Isamu, ce n'est pas prudent de s'exposer à son halo...

Une faible lueur émane de l'elfe. Elle regarde vers son corset et voit son médaillon briller de plus en plus. Elle le sort à l'air libre et illumine les alentours d'un halo argenté. La Pierre de Lune scintille de milles feux. La magicienne franchit le seuil de la chapelle, les portes se ferment derrière l'elfe enfermant avec elle cette douce lumière. *

- Je peux te suivre, je ne crains rien !

Isamu fut agréablement surpris. Eldaria avait semblé rire de bon coeur. Et... était-ce un sourire qui semblait naitre sur ses lèvres ?

Nano, quant à elle, se retirait vers la chapelle, non sans avoir donné un dernier baiser sur le front de la frêle jeune femme.

Isamu s'adressa à Eldaria.
- Bien. Allons-y.

Ils franchirent à nouveau la fenêtre, avec plus ou moins de souplesse. Le couloir était sombre et frais. Quelques minutes plus tôt, Eldaria avait provoqué bien malgré elle la fureur du vampire.
Ils poursuivirent leur progression, jusqu'à un cul-de-sac. La créature de la nuit s'affaira à manipuler quelques pierres ou leviers, et un grondement fit vibrer le sol. Une plaie béante était maintenant ouverte dans le mur, noire comme le jais.
- Attends Eldaria, je vais éclairer un peu, nous pourrons ainsi descendre en sécurité.
Accompagnant les paroles d'Isamu, une flammèche bondit au sommet d'une des torches accrochée au mur de la cavité. Comment le vampire pouvait-il jouer ainsi avec le feu ? Certains mystères doivent rester enfouis.
Un étrange spectacle s'offrait aux yeux de nos visiteurs : la cavité était en réalité un escalier creusé à même la roche, et s'enfonçait là où la lumière mourrait.
Isamu saisit la torche, et invita Eldaria à la suivre.
- Je ne sais pas quelles sont tes phobies, mais elles n'ont pas leur place ici. Les apparences sont trompeuses, cet endroit est l'un des plus sûrs des Terres Argentées.
Il commença à s'enfoncer dans les profondeurs de la terre.

Tout en descendant une à une les marches de l'escalier en colimaçon, le vampire répondit à la question d'Eldaria.
- Si j'aime la nuit ? Oui ! J'ai appris à connaître la nuit, à la comprendre et à l'apprécier comme une éternelle compagne. Lorsque, par une nuit claire, j'ai définitivement embrassé par amour le monde de la nuit, j'ai compris le chant du vent, le chuintement des feuilles qui tombent, le son cristalin de la rosée qui se cristalise les nuits les plus fraîches. J'ai aussi compris les centaines d'expressions qui animent le visage des humains, la profondeur de l'éclat des étoiles, la brume imperceptible qui émane du sang coulant sur nos lames.
Isamu stoppa quelques secondes son explication, avant de poursuivre, un peu plus grave. "Mais, j'ai aussi compris que je ne reverrai jamais l'intense lumière du soleil, le bleu de la mer, le feu rougeoyant des couchers de soleil. Quelle splendeur ce doit être aux yeux des vampires !"

Au fur et à mesure de la descente, le monde bruyant des vivants, au-dessus, avait perdu de sa substance. Il n'était plus qu'un souvenir.
Un pallier marqua la fin de l'escalier. Une porte d'ébène se présentait devant la lumière de la torche.
- Tiens Eldaria, peux-tu me tenir cette torche s'il te plaît ?

D'un bon coup d'épaule, Isamu ouvrit la porte, pour pénétrer dans une petite pièce ovale.
- Viens, nous y sommes !

Quelques candélabres se dressaient sur les murs. Les bougies étaient figées, elles n'avaient plus porté de flamme depuis des décennies.
Seul, au centre, trônait un long cercueil noir.
Isamu se penchait sur ce dernier. On pouvait y lire, en fines lettres dorées qui tranchaient sur l'ébène : संसार .